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Eduardo Chillida

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Edurdo Chillida est un sculpteur basque (1924-2002).

 Un certain nombre de ses oeuvres sont partulièrement bien exposées près de San Sebastian au musée Chillida-Leku.

Un artiste indispensable.

 

Ses sculptures se trouvent en front de mer comme à San Sebastian ou dans la montagne comme au Japon, et dans des villes comme Washington, Paris, Lund, Munster, Madrid, Palma De Mallorca, Guernica ou Berlin. Plusieurs architectes, mathématiciens, philosophes, tel Martin Heidegger et Emile Cioran, ou des poètes comme Octavio Paz ont écrit au sujet de son œuvre.

 

Gaston Bachelard le surnommait "le forgeron" pour son goût des sculptures monumentales en métal. Chillida a aussi travaillé d'autres matériaux : le bois, le fer, le granit et les matériaux plus contemporains comme le béton et l'acier.

 

"Je suis de ceux qui pensent que nous, les humains, sommes de quelque part. L'idéal est que nous soyons de quelque part, que nous ayons nos racines quelque part, mais que nos bras parviennent à embrasser le monde entier, que les idées de n'importe quelle culture nous soient profitables. Dans mon pays basque, je me sens à ma place, comme un arbre adapté à son territoire, sur son terrain, mais dont les bras s'ouvrent sur le monde entier. J'essaie d'accomplir l'oeuvre d'un homme, la mienne, parce que je suis moi, et puisque je suis d'ici, cette oeuvre aura des nuances particulières, une lumière noire qui est la nôtre."

                                                                                                                                                                     Eduardo Chillida.

 

 

 

Lectures d'automne

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Deux superbes rencontres ces derniers mois :  Hector Abad et Gonçalo Tavares.

 


 

          Hector Abad est un écrivain colombien. Le livre qui vient d'être publié chez Gallimard "L'oubli que nous serons" raconte la vie de son père et l'histoire de  sa vie avec son père. Une relation père-fils totalement irriguée par l'amour qui pousse loin le garçon sur le chemin de la vie. La vie d'un père qui aurait pu écraser l'enfant et qui au contraire lui fournit un puissant carburant.  Il faut dire qu'en Colombie la vie n'invite pas à la mièvrerie ! C'est l'histoire d'un homme juste qui ne fait pas de concessions. Cette vie est certes exemplaire mais le récit n'est pas édifiant. On est passionné par cette aventure humaine, humaniste, par cet homme, qui peut parfois être irritant et même sembler naïf or il ne s'agit pas de candeur mais d'un choix, d'une réponse radicale, à la barbarie et à la mort.

A vrai dire, ce livre n'est pas très "mode". Il n'a rien à voir avec les poses allanguies et médiatisées des affranchis de tous bords. C'est un autre univers, avec des êtres humains qui existent vraiment.

 

 

             Gonçalo Tavares est portugais. Plusieurs de ses livres sont déjà traduits et publiés ( chez Viviane Hamy) en France mais je ne les ai découverts que cet automne à l'occasion de sa venue dans ma librairie nourricière.

"Jérusalem" est déjà un livre qui ne vous laisse pas bien tranquille. Mais " Apprendre à prier à l'ère de la technique" est un livre choc. C'est l'histoire de Lenz Buchmann, un médecin qui s'occupe de sa vie et de celle des autres. Il s'en occupe à fond ! Le récit nous emmène dans un long glissement aux confins les plus extrêmes. On sent le pire advenir mais on ne voit pas comment on pourrait y échapper car c'est une histoire implacablement humaine.

                G.Tavares publie aussi une série de petits livres, recueils de récits brefs et cinglants qui sont irrésistibles :

                              M. valéry et la logique.

                              M. Calvino et la promenade.

                              M. Kraus et la politique.

 

 

Ces livres, d'Hector Abad et de Gonçalo Tavares,  je les range au rayon des délices, des livres compagnons.

Eli Ditano

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Eli Ditano. Palerme 1923 -  San Francisco 1964

 

     Eli Ditano a peu contribué à une bonne connaissance de sa biographie. Les enquêtes menées par la sécurité militaire de l'U.S Army, la CIA, le FBI, n'ont pas toujours toute la rigueur attendue. Des zones d'ombre s'accumulent, bien des témoignages prêtent à caution. Non seulement l'homme lui même ne semble pas avoir aimé laisser beaucoup de traces mais l'évocation de son nom a la faculté d'engendrer chez ceux qui l'ont connu, pas mal de doutes voire d'oublis. D'ailleurs, plus les témoins  rencontrés sont honorables, plus les souvenirs deviennnent vagues ou confus.

 

     Les archives militaires sont pauvres, quasi inexistantes.  Le soldat Eli Ditano est engagé le 18 août 1946 à San Diego (Californie), affecté au service personnel du contre-amiral Reginlad R. Shelton, principalement comme chauffeur. Il se voit accorder la nationalité américaine le 24 décembre 1946. Son maigre dossier souligne son rôle actif, en 1944-45, auprès des forces américaines dans leur pénétration en Sicile puis dans la Péninsule en qualité "d'éclaireur". Il ne fait pas partie de l'armée américaine ni d'aucune institution militaire ou paramilitaire des U.S.A, il n'est affecté à aucune unité précise. La partie du dossier concernant cette période contient une lettre du contre-amiral R.R. Shelton datée du 9 juillet 1946 à San Diego, peu de temps avant son incorporation officielle, on y apprend le lieu et la date de sa naissance : Palerme, 13 septembre 1923.

      La CIA ne sait rien de cette époque, ce qui semble étonnant si l'on observe tout de même que son nom figure à trois reprises dans des rapports évoquant des éléments autochtones favorables aux forces alliées opérant en Sicile en 1945.

     Une enquête menée bien plus tard par le F.B.I nous éclaire un peu plus sur la période 1946-1952.  Eli Ditano est chauffeur puis ordonnace du contre-amiral Shelton. Apprécié de tous, une vie globalement sans histoires, le montre aimant les belles voitures, amateur de compétitions automobiles. Son train de vie est sans doute légèrement au dessus des moyens d'un soldat de cette époque. L'amitié que lui porte le contre-amiral explique probablement l'accès à certaines disponiblités. Il est entendu comme témoin dans une enquête du LAPD en 1949 sur une série de vols commis chez des personnalités du spectacle dans le riche quartier de Beverly-Hills. Ces délits auraient mis en cause un réseau de faux employés de maison dont des chauffeurs de maîtres. Aucune charge n'est retenue contre lui.

 

     La mort soudaine de Reginald R. Shelton, le 4 septembre 1951 déclenche une nouvelle série d'investigations. La sécurité militaire et le FBI concluent à un suicide. La compagnie d'assurance du contre-amiral parvient aux mêmes conclusions. Selon les termes du contrat spécial souscrit par R.R.Shelton, Eli Ditano hérite de façon incontestée de la fortune personnelle considérable de son protecteur. Les deux filles de celui-ci, qui constituent sa seule famille, ne contestent  pas et restent d'ailleurs en bons termes avec l'ancien ami de leur père.

 

     Eli Ditano démissionne et quitte l'armée américaine deux mois plus tard. Il s'installe à Los Angeles, tout en achetant un magnifique appartement dominant la baie de San Francisco qui deviendra sa véritable résidence. Il fait également de fréquents séjours à New-York où il loge dans une suite au Metropolitan. Il voyage beaucoup aux Etats-Unis, on le voit souvent à Cape Code. Au début de 1952, il se rend aussi en Europe à deux reprises: Rome, Milan, Londres, Bruxelles et Francfort. A ce même moment, il fonde une société d'import-export d'automobiles de luxe dont le siège se trouve à Los Angeles. Il s'associe avec les frères Philippi dans une écurie de course engageant régulièrement des Ferrari dans des courses d'endurance en Amérique du nord et en Europe.

       Ses affaires semblent florissantes si l'on en croit son train de vie, il est une personnalité en vue en Californie mais aussi en Europe où ses affiares l'appellent souvent. Il n'a pas oublié sa Sicile d'origine, il ne rate jamais une édition de la prestigieuse course  automoblie la "Targa Florio". Il acquiert une grande propriété aristocratique près de Syracuse. Sa vie semble à la fois facile et affairée, il bénéficie d'une certaine visiblité mais personne ne le connait  vraiment.

 

En octobre 1958, une enquête sur le meurtre d'un jeune prostitué dont le corps a été retrouvé dans une jaguar appartenant à Eli Ditano, amène la police du comté à entendre celui-ci qui s'était fait voler le véhicule dix jours auparavant. Ce même automne, alors que la police fédérale mène une opération d'envergure fort complexe contre la mafia et le traffic de drogue, le magasin principal d'Eli Ditano est intégralement fouillé par deux fois. Eli passe l'hiver suivant en Sicile. Par courrier il félicite le directeur de la police de Santa Monica (Californie) pour cette entreprise de "salubrité publique" joignant un gros chèque pour les oeuvres de la police de l'agglomération. Le capitaine A. J. Glen a conservé, non sans fierté, cette lettre d'un des plus prestigieux hommes d'affaires de sa juridiction. L'officier garde également un souvenir enthousiaste de la garden party offerte par Eli Ditano en juin de chaque année où il peut fréquenter tous ceux  qui comptent  dans les grandes affaires de commerce, dans la politique et même dans l'US Navy, dans le sud de la Californie. Mais on y rencontre aussi des intellectuels, des artistes, des avocats ainsi qu'un échantillon choisi de quelques gloires plus ou moins tapageuses des proches studios d'Hollywood.

 

En 1960, Eli Ditano participe de façon importante au finacement d'une campagne de l'UNESCO. En janvier 1961, il fait partie des invités aux réceptions données en l'honneur de l'élection de J. F. Kennedy à la Maison Blanche. Il nest pas un proche du président, mais on le rencontre plusieurs fois lors de réceptions à la résidence familiale de la famille Kennedy à Cape Code.

 

Le 5 août 1962 meurt Marylin Monroe. Presse, polices officielles et moins officielles sont à l'ouvrage, tout le clan Kennedy est en quelque sorte fouillé. Certains estiment qu'Eli Ditano peut être considéré comme en faisant partie. Vingt-deux novembre 1963, rien ne va plus. Les cadrans s'affolent, plus rien ne veut rien dire. Un tireur, deux tireurs, cinq tireurs, les Russes, la Mafia, les affairistes, l'extrême droite, l'extrême gauche, l'espionnage, l'assassin assassiné. Tout est dans tout. Eli Ditano est cité, avec bien d'autres, il est vrai, à différents propos.

 

La pression est forte dès le début et semble ne cesser de croître. Eli reste en californie toute l'année 64 mais changeant souvent de domicile, tant à Los angeles qu' à San Francisco. Le liftier de son hôtel l'a vu le 17 novembre à six  heures du matin et il est le dernier à lui avoir parlé. Le corps d'Eli Ditano a été retrouvé cinq jours plus tard, rejeté par la mer sur une plage isolée au nord de San Francisco. Les circonstances de sa mort ne sont toujours pas élucidées.

Diane Oldti

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  Diane Oldti .

 Cschimindszent 1899 - Buenos Aires 1955.

 

        Enfant "déposée", Diane est élevée dans une institution religieuse de Budapest jusqu'à l'âge de 8 ans. Elle alors confiée à Victor et Vanessa Oldti qui travaillent dans un cirque forain où Victor est palefrenier. La petite Diane semble très heureuse de cette nouvelle vie, ses parents adoptifs la choient, elle mène la vie des enfants de la roulotte.

Elle montre des dispositions pour les exercices  corporels. Avec le clown du cirque, Istvan Palffy, elle apprend toutes sortes de pantomimes ainsi que l'harmonica et l'accordéon. Elle est bientôt introduite dans un court numéro burlesque dans lequel l'extraordinaire agilité de l'enfant joue un rôle important.

 

         Diane grandit, à l'adolescence elle se sent attirée par les exercices liés à l'équilibre. A quatorze ans, elle tombe amoureuse du jeune trapéziste Gyula Forgach qui veut l'épouser. Victor et Vanessa, opposés à ce mariage, ne parviennent pas à empêcher Diane de s'enfuir avec son amoureux. L'idylle ne dure que quelques mois et Diane revient auprès de ses parents qui l'accueillent à bras ouverts. Elle veut être trapéziste, son talent est évident. Alors que la guerre s'abat sur l'Europe, les temps deviennent difficiles, le cirque est démantelé. Les Oldti emmènent Diane avec eux en Grèce puis à Malte et enfin au Caire d'où ils gagnent Marseille en 1918.

La jeun fille, au fort caractère, n'a, semble-t-il, pas souffert de ces années. D'une beauté rare et troublante, talentueuse, plutôt rêveuse bien que fort décidée, elle met au point des numéros de contorsionniste qu'elle présente dans des cabarets, subvenant ainsi, pour l'essentiel, aux besoins de la famille. Ses aventures amoureuses sont aussi nombreuses qu'éphémères et parfois rocambolesques. Les prétendants sont fort  séduisants et l'irrésitible Diane n'aime pas choisir ni se priver. Aussi, lorsque le "fiancé" du moment est lanceur de couteaux, comme à Malte, l'amant et la jeune fille (Diane n'a pas tout à fait seize ans !) ne doivent qu'à leur agilité, somme toute professionnelle, de trouver leur salut. Les soucis de Victor et Vanessa sont surtout d'ordre parental durant ces années de guerre.

 

Peu après leur arrivée en France, ils trouvent tous trois à s'engager dans divers emplois. Diane se produit bientôt dans plusieurs établissements de Marseille et de Toulon. Et ce n'est qu'en 1921 qu'elle retrouve le chemin de la piste dans le cirque de la famille Casabierta. Le maître écuyer Diego de la Molina, de dix ans son aîné, avait d'abord été très sensible au charme de la jeune femme qu'il  avait remarquée sur la scène d'un établissement populaire de Marseille. Ce coup de foudre ne l'empêche pas d'évaluer sûrement les qualités excepionnelles de Diane. Il favorise son embauche et la jeune artiste se jette avec force et passion dans le travail.

Le succès ne tarde pas, dès l'hiver 1923, Diane est une des vedettes du spectacle. C'est à cette époque que Diane et Diego se marient.  Les époux inventent un numéro qui allie le dressage et la voltige. c'est pour eux une période de vie exhaltante, ils travaillent beaucoup, le succès ne les quitte pas, ils dépensent des fortunes en fêtes et chevaux. C'est "les années folles", leur couple connaît des hauts et des bas, tous deux cédant volontiers à une certaine frivolité. Puis, encore une fois,  le coeur de  Diane chavire ne résistant pas aux beaux yeux du clown Emiliano Satellini. Alors même qu'elle est enceinte, elle met fin à son premier mariage en juin 1925 et donne naissance à un garçon le 11 décembre  de la même année à Nice. Mais elle reprend rapidement ses activités, son fils Manuel, l'accompagne partout dans les tournées du cirque. Diego de la Molina, au noble caractère,  est un père généreux, il reste un ami intime de Diane dont il veille à la carrière, dressant des chevaux en fonction  des numéros de l'écuyère, de la femme dont il reste profondément amoureux.

 

Diane quitte le cirque Casabierta pour se produire sur différentes pistes d'Europe de 1928 à 1934, c'est sa période de pleine gloire. Manuel grandit près d'elle, témoin silencieux mais attentif de la vie tout aussi passionnée qu'agitée de sa mère. Il prend goût à l'équitation. Une mauvaise chute tient Diane à l'écart de la piste pratiquemment toute l'année 1934. Elle voyage un peu, retourne en Hongrie au lendemain de la mort de Victor son père adoptif. Diane et sa mère Vanessa trouvent un pays qui leur est devenu étranger, elles ne s'attardent pas. Les deux femmes rentrent en France par Trieste, Venise, Turin, San Remo, et Nice. Alors qu'en janvier 1935 Diane commence à reprendre ses activités, sa mère adoptive , vanessa Oldti, meurt à son tour dans la grande maison de Meudon récemment acquise. L'ancien époux et ami fidèle, Diego de la Molina invite Diane à passer quelques temps sur ses terres près de Saragosse où il dirige, en grand seigneur, un haras réputé ainsi qu'une académie de haute école.  Diane et Manuel s'installent. Après quelques contrats en Espagne et dans le sud de la France, Diane est appelée au Mexique où elle se rend en décembre, laissant pour la première fois son fils derrière elle.

 

La guerre civile éclate en Espagne alors qu'elle est encore en Amérique . Commence une année d'inquiétude. Les affaires de Diego sont menacées, celui-ci, ayant d'abord tenté de sauver ses biens et ne sachant prendre un parti clair, finit par quitter l'Espagne, emmenant son fils. Il émigre en Argentine dès mars 1937. Diane vit à cette époque une liaison romantique ( ce sont les termes de sa correspondance) avec le chanteur d'opéra brésilien José Antonio da Silva Ramos. Alors que Diego tente, avec grande difficulté de remonter un haras près de Bahia Blanca, Diane lui vient en aide grâce à sa fortune qu'elle imagine un peu hâtivement inépuisable.

 

En 1939, il n'est pourtant plus question de voltige. La vie fastueuse de José Antonio et de Diane est menacée par ses excès mêmes, Diane entretient d'ailleurs une autre liaison avec un danseur philippin qui a presque  vingt ans de moins qu'elle et n'entend pas se priver de paillettes. L'instabilité politique autant qu'économique de l'Argentine et du Brésil qui vivent des années de crise, la vie de moins en moins cohérente de Diane viennent à bout des ressources de l'artiste qui n'est plus qu'une étoile palie. Ses hommes sont peut-être plus fidèles à leur souvenir d'une reine ailée qu'à une Diane qui accuse à ce moment les effets de tant d'agitation, de champagne et sans doute, depuis peu, de cocaïne, mais aucun ne l'abandonne. Et surtout pas son fils Manuel, sous-officier, à l'académie militaire de Bueno-Aires. Le jeune cadet est noble, plein de rectitude, fort du spectacle des revers du destin, il aime passionément la vie et sa mère. Il l'aide, grâce à Diego son père,  à ouvrir en 1943 un établissement public à Buenos-Aires. Grand café où l'on donne des spectacles de cabaret appréciés par les jeunes cadres de l'armée et par toutes sortes d'hommes à la main ferme, à la réussite parfois rapide et souvent éphémère.

Alors que Manuel brille auprès de son colonel Juan Peron, Diane se serre dans les bras d'un aviateur, Sandro Tozzi qui l'invite à de nouveaux vertiges. Elle renaît. Elle apprend à piloter. En 1945, Manuel est aspiré par l'ascencion de son chef. Le "clan" de Diane a retrouvé une réelle prospérité. Elle est devenue une des figures respectées des nuits de Buenos-Aires et du milieu fermé des fous de l'acrobatie aérienne, elle participe même à un meetting Bahia Blanca.

 

En Europe, une deuxième guerre s'achève, et de cette paix surgit pour elle la surprise. Une émigration assez particulière se produit en effet  à cette époque vers l'Amérique du sud. Les cabarets sont des lieux où l'on parle dans l'ombre, d'autant mieux qu'on a bu un peu. Manuel est un proche du président Peron pour qui il effectue diverses tâches d'investiagation et de conatcts.

Un homme, pour la circonstances nommé "Carlos Blanco" par Diane, lui déclare, un soir de décembre 1948, en savoir plus qu'elle sur sa propre vie. Troublée et inquiète, Diane demande à son fils de faire surveiller l'étonnant confident. Son origine germanique est facile à mettre à jour, on l'identifie d'ailleurs avec certitude comme un des hauts responsables de l'Abwerh en Hongrie en 42-43. "Carlos Blanco" ne peut vendre comme il l'espèrait ses révélations. L'expérience et la fermeté de Manuel assisté d'un de ses adjoints obligent l'ancien espion allemand à livrer ses renseignements à Diane une nuit de février 1949. "Carlos" avait eu à s'intéresser de près aux activités des hommes influents de Hongrie, à fouiller dans leur passé, le plus intime possible. Diane avait un père. Il s'appelait Sigismond Béthlen, il avait été archevêque d'Eztergorn, primat de Hongrie en 1899. L'existence de Diane avait, en fait, rendu bien des services à "Carlos" et à ses amis, facilitant les relations entre une partie du haut-clergé hongrois et l'occupant nazi. Diane avait, en quelque sorte, fait la guerre !

Diane, peut-être du fait de sa grande expérience des équilibres acrobatiques, n'est pas particulièrement bouleversée par ces révélations. Cette nuit d'été austral se termine au champagne, naturellement.

 

 

Les nombreuses notes d'entretiens qu'eut Alban Marquez, journaliste à "La Chronica" avec Diane Oldti sont aujourdh'ui détruites, mais son long article consacré à Diane après sa mort, survenue lors d'un acccident de voltige aérienne en octobre 1955, retraçant avec tendresse et admiration la vie d'une reine de la nuit argentine n'ont jamais été démentis. Il est vrai qu'en 1955, l'Argentine s'intéressait plus à la chute de son président qu'à la disparition soudaine d'une émigrée hongroise.

 

Odile Dantin

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Odile Dantin. Femme de Lettres.

(1807 - Chateauroux / 1882- Pondichery)

 

          Odile Dantin est la fille aînée de Charles Emile Dantin, général d'Empire, Prince de l'Andon. Dès l'adolescence, elle montre de l'intérêt pour la littérature qui deviendra vite une passion. Plus rare à cette époque pour une jeune fille, elle s'interesse aussi à la politique où son père joue un rôle. Dès 1823, elle se fait remarquer dans la vie publique parisienne, rencontrant Victor Hugo et établissant une relation amicale avec l'homme d'Etat C.M de Talleyrand. Elle écrit des poèmes, participe à des salons.

            En 1829, elle fait un coup d'éclat en publiant  un violent pamphlet contre Charles X qui la fait remarquer dans les milieux anarchistes alors en gestation. Puis elle publie, en 1831, un premier roman "La femme et son maître". On estime que la polémique et le scandale provoqués par cet ouvrage étonnant, où l'influence du marquis de Sade apparaît mieux aujourd'hui, furent la cause réelle du suicide de son père, richissime ministre de Louis XVIII.

 

           Se retirant pour quelques temps sur la côte flamande à Ostende, elle y développe une intense activité créatrice dont le recueil "Les Vestales" reste l'oeuvre la plus significative. Elle voyage ensuite beaucoup, notamment en Angleterre et en Russsie où elle fait la connaissance de Bakounine, de Gogol, d'Ivan Tourgueneiv, avec qui elle entretiendra toute sa vie une riche correspondance. En 1833, elle se marie à Saint-Petersbourg avec Piotr Ivanovitch Nabokov. De cette union rapidement rompue, naît un garçon qu'elle abandonne à la garde de son père. Il est avéré, qu'enceinte, elle participa cette année là, à un duel au pistolet dont les raisons restent très obscures.

 

             De retour à Paris, en 1835, elle publie "Pas ça" et, en 1837, " Pas ça et alors", les deux grands textes dont Henri Michaux écrira qu'ils ouvraient la voie à Lautréamont et aux surréalistes. Bien qu'ayant affiché une certaine réserve lors de la "Bataille d'Hernani" et qu'elle fût toujours assez distante avec les romantiques, Victor Hugo lui écrit en 1837 "...vous lisant, je m'aperçois que, de mes voix intéieures, vous êtes de celles qui comptent le plus." Elle prend des distances cependant avec le poète peu après la mort de sa fille Léopoldine avec laquelle elle entretenait une relation forte et complexe, délicatement évoquée dans "Blanche, l'après-midi" (1842).

 

            Elle partage alors son temps entre Paris et Londres, faisant de fréquents séjours sur les bords de la Mer du Nord et de l'Atlantique. En 1838, elle se lance dans ce qui appararaît comme une aventure folle : elle parvient à se faire  admettre comme matelot sur le "Great Western" qui réalise avec succès sa tentative de record de traversée de l'Atlantique, joignant  Bristol à New-York en quinze jours et dix heures.

 

            A New-York, elle rencontre E. A. Poe. On ne sait pas grand-chose de cette rencontre mais leurs noms figurent ensemble dans un rapport de police évoquant une rixe dans un établissement de plaisir ouvert la nuit.

 

            De retour en Europe, Odile Dantin intervient fréquemment dans la vie poltique, prenant parti contre la peine de mort, le travail des enfants et à propos de la condition faite aux femmes. En avril 1846, elle pose publiquement sa candidature à l'Académie Française. C'est à cette même époque qu'elle se lie d'une amitié qui se révèlera indéfectible avec Honoré Daumier. Ombrageuse, tourmentée, elle continue une vie de voyages alors que son oeuvre prend un tour nouveau comme l'attestent les recueils de nouvelles comme "Contes masqués" (1852), "Minuits" (1853) , "Sabatines" (1855), qui participent à la naissance du genre fantastique.

 

 

               Au cours d'un de ses longs séjours en Angleterre, une liaison avec Mlle Jennifer Cunning Lancaster, jeune cousine de la reine Victoria et fille de Lord Cunning Lancaster, gouverneur général des Indes est révélée par la presse. Une campagne venimeuse commence. Il semble bien qu'Odile Dantin eut au moins deux entretiens secrets avec la reine. Les deux femmes tiennent tête à la plus haute société du royaume qui doit s'incliner.

 

 

               En 1863, avec Jennifer C. Lancaster, elle participe à la création de la société d'imprimerie "Balitout-Questroy-Dantin et Cie" qui se consacre à l'édition de nouveaux auteurs. Elle publiera au fil du temps des textes de Paul Verlaine, de Gérard de Nerval, de Guy de Maupassant et même des traductionsde C. Darwin. C'est Odile Dantin qui convaint Isidore Ducasse de la laisser publier en 1868 "Le chant premier" des futurs "Chants de Maldoror", l'auteur impose cependant que l'édition reste anonyme.

 

                Elle continue à voyager régulièrement à travers l'Europe, ce qui ne l'empêche pas d'être présente dans la presse française, notamment dans le "Moniteur Universel" où elle écrit, prenant parti pour les républicains. Elle soutient l'opposition à Napoléon III en aidant financièrement l'action de Léon Gambetta. Elle reste à Paris durant le siège de septembre 1870 et pendant le soulèvement de la Commune. Elle est élue par les Parisiens membre du Conseil Général de la Commune de Paris. Proche de Proudhon, opposée à Blanqui, elle quitte rapidement son poste et participe à des combats au début de la "semaine sanglante" de mai 1871. Bouleversée par le massacre du 27 mai, elle quitte la France et s'installe à Bruxelles.

 

                   En 1874, elle publie un recueil de textes dont la rédaction s'est étalée tout au long des années 1860 - 872. L'épais recueil intitulé "la virgule ficelle", ouvrage qui échappe à tout classement ou typologie. Roger Caillois écrira à propos de ce texte : "L'auteur subvertit le sens à mesure qu'avance l'énoncé, en sorte que cet ouvrage s'instaure et se détruit en même temps qu'il se développe, apparaissant ainsi  comme bien plus qu'une oeuvre littéraire". Avec "Les chants de Maldoror", "La virgule ficelle" fait dévier la littérature vers des voies que les surréalistes exploreront encore et révèlant au lecteur les multiplicités d'un "moi" difficilement accessible. En 1875, elle entreprend un long voyage en Scandinavie puis en Russie en compagnie de son viel ami Ivan Tourgueniev dont elle a ardemment contribué à faire connaître l'oeuvre en France par des articles dans la "Revue des deux Mondes".

 

               En décembre 1876, elle rentre précipitamment en France où son amie Jennifer C. Lancaster vient de mourir accidentellement. Elle séjourne quelques mois à Paris puis se rend à Londres d'où elle s'embarque pour l'Inde le 2 novembre 1877. Sa correspondance (Tourgueniev, Maupassant, Daumier) la montre au Yemen, à Calcutta, au Cachemire, à Madras. Les autorités de Pondichéry annoncent son décès le 7 mai 1882. L'acte de décés mentionne une forte absorbtion de substances toxiques et hallucinogènes.