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contes en grains

Une lecture. Conte en grain

Publié le par lignesdesuite.over-blog.com

                   

                  Vers la fin d'un long après-midi de lecture, je ressentis le besoin de me lever mû par une troublante sensation. Je m'approchai de la fenêtre, mon visage se refléta dans la vitre mais je pus voir de façon très nette un aéronef traverser le ciel. Il était constitué d'une sphère translucide à laquelle était attachée une nacelle oblongue dotée d'une hélice en cristal. Une musique lointaine, presque angélique émanait de cet objet. Un éclair zébra le ciel pourtant si pur.

                      Tout au fond de moi, je ressentis un élan irrésistible qui me poussait  à marcher vers ce pays inconnu dont me parlait la lettre que je venais de lire. Je ne savais pas exactement qui  l'avait écrite, son auteure disait me connaître mais je ne reconnaissais pas cette écriture et la signature ne m'évoquait absolument rien. Je me saisis d'une lanterne posée sur la table et descendit les escaliers de la tour où se trouvait mon cabinet de lecture.

 

                      Au cours de la seconde journée de marche, j'atteignis un bâtiment aux formes élancées à moitié en ruines. Sur le parvis, trois femmes semblaient m'attendre. Je gravis les escaliers et m'approchai d'elles. La jeune fille qui se trouvait au centre me regarda, me fit un signe de la main que je ne sus comment interpréter. Puis, d'une voix légère et posée elle me dit de gagner l'arrière du bâtiment. Là, dit-elle, parmi des arceaux de l'abbaye, à l'ombre des statues, se trouverait une mince ligne de lumière, je devais la suivre et pénétrer dans le labyrinthe. Je devais l'explorer et déposer une pierre soigneusement choisie devant chacune des statuettes que je rencontrerais sans en omettre aucune. A l'issue de ce cheminement il me serait peut-être accordé la possibilité de sortir, à condition que mes offrandes aient été agréées.

J'avais l'impression de vivre un instant relaté dans un livre que j'avais lu autrefois. Je ne me souvenais pas de la suite.

                                                                                                                            Daniel Diot
 

Le chat Grimm

Publié le par lignesdesuite.over-blog.com

Silencieuse, elle s'approcha de la fenêtre et l'ouvrit. Le jardin était plongé dans un silence profond, la lumière du jour s’était éteinte doucement. Elle embrassa la pièce du regard cherchant le recueil de contes qui était son livre de chevet  depuis des mois puis elle s'approcha de la table encombrée. Se trouvaient là plusieurs  piles de livres, une fine montre bracelet, une brosse à cheveux, des bagues, un coffret en ébène, une pièce de linge, une paire de ciseaux en argent.  Elle hésita et saisit un petit vase en porcelaine de Chine posé à côté des livres. Elle l'observa minutieusement restant immobile un bon moment puis elle tira le rideau de velours cramoisi qui masquait la porte de la chambre et sortit dans la nuit.

 Serrant contre elle le vase précieux, elle gagna en courant une petite serre dont la porte était entrouverte. Sur les parois de verre une averse jouait une mélodie rassurante, elle déposa le vase sur un guéridon en fer forgé. Le vent soufflait en rafales irrégulières, un concert de branches et de feuilles agitées emplissait la nuit. Elle marcha le long des étagères sur lesquelles étaient disposées une quantité impressionnante de plantes toutes différentes. Certaines étaient en fleurs, d'autres offraient un feuillage abondant, des parfums s'entremêlaient. La lune éclairait sa silhouette incertaine, on aurait dit qu'elle faisait une promenade intérieure ou un parcours compliqué commandé par une règle secrète. Elle avisa soudain un groupe d'objets qu'elle avait semblé chercher : une ombrelle délabrée, une coupe de fruits bien garnie et un violoncelle poussiéreux dont une corde était cassée. Perdue dans ses pensées elle n'entendit pas le chat noir qui se faufilait vers elle.

 

 

 

Le cahier bleu

Publié le par lignesdesuite.over-blog.com

 

Le calme régnait dans la pièce où nous étions seules. Une fenêtre entrouverte diffusait une légère fraîcheur. Sur une pile de papiers quelqu'un avait laissé un étui à lunettes. Peut-être ne faut-il pas se fier à une impression de paix, une souffrance cachée obscurcit parfois la fraîcheur d'un pétale. Mais elle était assise en silence, absorbée et songeuse. Elle entrouvrit légèrement son chemisier en soie puis lissa délicatement sa jupe. Elle saisit une rose du bouquet, détacha un pétale, le porta à sa bouche et le goûta  puis déposa la fleur devant elle sur la feuille de papier. Elle prit un pinceau très fin, le trempa dans l'encre de Chine, marqua une hésitation et commença un dessin.

A la nuit tombée, nous sortîmes ensemble dans le jardin, et, à voix basse, nous récitâmes le poème que nous avions découvert le matin même. Assise sur la margelle du puits je regardais son visage, on aurait dit que sa bouche donnait un baiser à la lune. Elle tenait dans sa main cette statuette en bois qui l'avait tant troublée. Je savais qu'au secret de ses rêves elle écrivait à la lune sur une feuille de nuage. Au long de cette nuit s'écrirait un cahier de poèmes qui seraient autant de caresses adressées à une petite fille.

                                                                                                             Daniel Diot