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Eli Ditano

Publié le par lignesdesuite.over-blog.com

Eli Ditano. Palerme 1923 -  San Francisco 1964

 

     Eli Ditano a peu contribué à une bonne connaissance de sa biographie. Les enquêtes menées par la sécurité militaire de l'U.S Army, la CIA, le FBI, n'ont pas toujours toute la rigueur attendue. Des zones d'ombre s'accumulent, bien des témoignages prêtent à caution. Non seulement l'homme lui même ne semble pas avoir aimé laisser beaucoup de traces mais l'évocation de son nom a la faculté d'engendrer chez ceux qui l'ont connu, pas mal de doutes voire d'oublis. D'ailleurs, plus les témoins  rencontrés sont honorables, plus les souvenirs deviennnent vagues ou confus.

 

     Les archives militaires sont pauvres, quasi inexistantes.  Le soldat Eli Ditano est engagé le 18 août 1946 à San Diego (Californie), affecté au service personnel du contre-amiral Reginlad R. Shelton, principalement comme chauffeur. Il se voit accorder la nationalité américaine le 24 décembre 1946. Son maigre dossier souligne son rôle actif, en 1944-45, auprès des forces américaines dans leur pénétration en Sicile puis dans la Péninsule en qualité "d'éclaireur". Il ne fait pas partie de l'armée américaine ni d'aucune institution militaire ou paramilitaire des U.S.A, il n'est affecté à aucune unité précise. La partie du dossier concernant cette période contient une lettre du contre-amiral R.R. Shelton datée du 9 juillet 1946 à San Diego, peu de temps avant son incorporation officielle, on y apprend le lieu et la date de sa naissance : Palerme, 13 septembre 1923.

      La CIA ne sait rien de cette époque, ce qui semble étonnant si l'on observe tout de même que son nom figure à trois reprises dans des rapports évoquant des éléments autochtones favorables aux forces alliées opérant en Sicile en 1945.

     Une enquête menée bien plus tard par le F.B.I nous éclaire un peu plus sur la période 1946-1952.  Eli Ditano est chauffeur puis ordonnace du contre-amiral Shelton. Apprécié de tous, une vie globalement sans histoires, le montre aimant les belles voitures, amateur de compétitions automobiles. Son train de vie est sans doute légèrement au dessus des moyens d'un soldat de cette époque. L'amitié que lui porte le contre-amiral explique probablement l'accès à certaines disponiblités. Il est entendu comme témoin dans une enquête du LAPD en 1949 sur une série de vols commis chez des personnalités du spectacle dans le riche quartier de Beverly-Hills. Ces délits auraient mis en cause un réseau de faux employés de maison dont des chauffeurs de maîtres. Aucune charge n'est retenue contre lui.

 

     La mort soudaine de Reginald R. Shelton, le 4 septembre 1951 déclenche une nouvelle série d'investigations. La sécurité militaire et le FBI concluent à un suicide. La compagnie d'assurance du contre-amiral parvient aux mêmes conclusions. Selon les termes du contrat spécial souscrit par R.R.Shelton, Eli Ditano hérite de façon incontestée de la fortune personnelle considérable de son protecteur. Les deux filles de celui-ci, qui constituent sa seule famille, ne contestent  pas et restent d'ailleurs en bons termes avec l'ancien ami de leur père.

 

     Eli Ditano démissionne et quitte l'armée américaine deux mois plus tard. Il s'installe à Los Angeles, tout en achetant un magnifique appartement dominant la baie de San Francisco qui deviendra sa véritable résidence. Il fait également de fréquents séjours à New-York où il loge dans une suite au Metropolitan. Il voyage beaucoup aux Etats-Unis, on le voit souvent à Cape Code. Au début de 1952, il se rend aussi en Europe à deux reprises: Rome, Milan, Londres, Bruxelles et Francfort. A ce même moment, il fonde une société d'import-export d'automobiles de luxe dont le siège se trouve à Los Angeles. Il s'associe avec les frères Philippi dans une écurie de course engageant régulièrement des Ferrari dans des courses d'endurance en Amérique du nord et en Europe.

       Ses affaires semblent florissantes si l'on en croit son train de vie, il est une personnalité en vue en Californie mais aussi en Europe où ses affiares l'appellent souvent. Il n'a pas oublié sa Sicile d'origine, il ne rate jamais une édition de la prestigieuse course  automoblie la "Targa Florio". Il acquiert une grande propriété aristocratique près de Syracuse. Sa vie semble à la fois facile et affairée, il bénéficie d'une certaine visiblité mais personne ne le connait  vraiment.

 

En octobre 1958, une enquête sur le meurtre d'un jeune prostitué dont le corps a été retrouvé dans une jaguar appartenant à Eli Ditano, amène la police du comté à entendre celui-ci qui s'était fait voler le véhicule dix jours auparavant. Ce même automne, alors que la police fédérale mène une opération d'envergure fort complexe contre la mafia et le traffic de drogue, le magasin principal d'Eli Ditano est intégralement fouillé par deux fois. Eli passe l'hiver suivant en Sicile. Par courrier il félicite le directeur de la police de Santa Monica (Californie) pour cette entreprise de "salubrité publique" joignant un gros chèque pour les oeuvres de la police de l'agglomération. Le capitaine A. J. Glen a conservé, non sans fierté, cette lettre d'un des plus prestigieux hommes d'affaires de sa juridiction. L'officier garde également un souvenir enthousiaste de la garden party offerte par Eli Ditano en juin de chaque année où il peut fréquenter tous ceux  qui comptent  dans les grandes affaires de commerce, dans la politique et même dans l'US Navy, dans le sud de la Californie. Mais on y rencontre aussi des intellectuels, des artistes, des avocats ainsi qu'un échantillon choisi de quelques gloires plus ou moins tapageuses des proches studios d'Hollywood.

 

En 1960, Eli Ditano participe de façon importante au finacement d'une campagne de l'UNESCO. En janvier 1961, il fait partie des invités aux réceptions données en l'honneur de l'élection de J. F. Kennedy à la Maison Blanche. Il nest pas un proche du président, mais on le rencontre plusieurs fois lors de réceptions à la résidence familiale de la famille Kennedy à Cape Code.

 

Le 5 août 1962 meurt Marylin Monroe. Presse, polices officielles et moins officielles sont à l'ouvrage, tout le clan Kennedy est en quelque sorte fouillé. Certains estiment qu'Eli Ditano peut être considéré comme en faisant partie. Vingt-deux novembre 1963, rien ne va plus. Les cadrans s'affolent, plus rien ne veut rien dire. Un tireur, deux tireurs, cinq tireurs, les Russes, la Mafia, les affairistes, l'extrême droite, l'extrême gauche, l'espionnage, l'assassin assassiné. Tout est dans tout. Eli Ditano est cité, avec bien d'autres, il est vrai, à différents propos.

 

La pression est forte dès le début et semble ne cesser de croître. Eli reste en californie toute l'année 64 mais changeant souvent de domicile, tant à Los angeles qu' à San Francisco. Le liftier de son hôtel l'a vu le 17 novembre à six  heures du matin et il est le dernier à lui avoir parlé. Le corps d'Eli Ditano a été retrouvé cinq jours plus tard, rejeté par la mer sur une plage isolée au nord de San Francisco. Les circonstances de sa mort ne sont toujours pas élucidées.

Diane Oldti

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  Diane Oldti .

 Cschimindszent 1899 - Buenos Aires 1955.

 

        Enfant "déposée", Diane est élevée dans une institution religieuse de Budapest jusqu'à l'âge de 8 ans. Elle alors confiée à Victor et Vanessa Oldti qui travaillent dans un cirque forain où Victor est palefrenier. La petite Diane semble très heureuse de cette nouvelle vie, ses parents adoptifs la choient, elle mène la vie des enfants de la roulotte.

Elle montre des dispositions pour les exercices  corporels. Avec le clown du cirque, Istvan Palffy, elle apprend toutes sortes de pantomimes ainsi que l'harmonica et l'accordéon. Elle est bientôt introduite dans un court numéro burlesque dans lequel l'extraordinaire agilité de l'enfant joue un rôle important.

 

         Diane grandit, à l'adolescence elle se sent attirée par les exercices liés à l'équilibre. A quatorze ans, elle tombe amoureuse du jeune trapéziste Gyula Forgach qui veut l'épouser. Victor et Vanessa, opposés à ce mariage, ne parviennent pas à empêcher Diane de s'enfuir avec son amoureux. L'idylle ne dure que quelques mois et Diane revient auprès de ses parents qui l'accueillent à bras ouverts. Elle veut être trapéziste, son talent est évident. Alors que la guerre s'abat sur l'Europe, les temps deviennent difficiles, le cirque est démantelé. Les Oldti emmènent Diane avec eux en Grèce puis à Malte et enfin au Caire d'où ils gagnent Marseille en 1918.

La jeun fille, au fort caractère, n'a, semble-t-il, pas souffert de ces années. D'une beauté rare et troublante, talentueuse, plutôt rêveuse bien que fort décidée, elle met au point des numéros de contorsionniste qu'elle présente dans des cabarets, subvenant ainsi, pour l'essentiel, aux besoins de la famille. Ses aventures amoureuses sont aussi nombreuses qu'éphémères et parfois rocambolesques. Les prétendants sont fort  séduisants et l'irrésitible Diane n'aime pas choisir ni se priver. Aussi, lorsque le "fiancé" du moment est lanceur de couteaux, comme à Malte, l'amant et la jeune fille (Diane n'a pas tout à fait seize ans !) ne doivent qu'à leur agilité, somme toute professionnelle, de trouver leur salut. Les soucis de Victor et Vanessa sont surtout d'ordre parental durant ces années de guerre.

 

Peu après leur arrivée en France, ils trouvent tous trois à s'engager dans divers emplois. Diane se produit bientôt dans plusieurs établissements de Marseille et de Toulon. Et ce n'est qu'en 1921 qu'elle retrouve le chemin de la piste dans le cirque de la famille Casabierta. Le maître écuyer Diego de la Molina, de dix ans son aîné, avait d'abord été très sensible au charme de la jeune femme qu'il  avait remarquée sur la scène d'un établissement populaire de Marseille. Ce coup de foudre ne l'empêche pas d'évaluer sûrement les qualités excepionnelles de Diane. Il favorise son embauche et la jeune artiste se jette avec force et passion dans le travail.

Le succès ne tarde pas, dès l'hiver 1923, Diane est une des vedettes du spectacle. C'est à cette époque que Diane et Diego se marient.  Les époux inventent un numéro qui allie le dressage et la voltige. c'est pour eux une période de vie exhaltante, ils travaillent beaucoup, le succès ne les quitte pas, ils dépensent des fortunes en fêtes et chevaux. C'est "les années folles", leur couple connaît des hauts et des bas, tous deux cédant volontiers à une certaine frivolité. Puis, encore une fois,  le coeur de  Diane chavire ne résistant pas aux beaux yeux du clown Emiliano Satellini. Alors même qu'elle est enceinte, elle met fin à son premier mariage en juin 1925 et donne naissance à un garçon le 11 décembre  de la même année à Nice. Mais elle reprend rapidement ses activités, son fils Manuel, l'accompagne partout dans les tournées du cirque. Diego de la Molina, au noble caractère,  est un père généreux, il reste un ami intime de Diane dont il veille à la carrière, dressant des chevaux en fonction  des numéros de l'écuyère, de la femme dont il reste profondément amoureux.

 

Diane quitte le cirque Casabierta pour se produire sur différentes pistes d'Europe de 1928 à 1934, c'est sa période de pleine gloire. Manuel grandit près d'elle, témoin silencieux mais attentif de la vie tout aussi passionnée qu'agitée de sa mère. Il prend goût à l'équitation. Une mauvaise chute tient Diane à l'écart de la piste pratiquemment toute l'année 1934. Elle voyage un peu, retourne en Hongrie au lendemain de la mort de Victor son père adoptif. Diane et sa mère Vanessa trouvent un pays qui leur est devenu étranger, elles ne s'attardent pas. Les deux femmes rentrent en France par Trieste, Venise, Turin, San Remo, et Nice. Alors qu'en janvier 1935 Diane commence à reprendre ses activités, sa mère adoptive , vanessa Oldti, meurt à son tour dans la grande maison de Meudon récemment acquise. L'ancien époux et ami fidèle, Diego de la Molina invite Diane à passer quelques temps sur ses terres près de Saragosse où il dirige, en grand seigneur, un haras réputé ainsi qu'une académie de haute école.  Diane et Manuel s'installent. Après quelques contrats en Espagne et dans le sud de la France, Diane est appelée au Mexique où elle se rend en décembre, laissant pour la première fois son fils derrière elle.

 

La guerre civile éclate en Espagne alors qu'elle est encore en Amérique . Commence une année d'inquiétude. Les affaires de Diego sont menacées, celui-ci, ayant d'abord tenté de sauver ses biens et ne sachant prendre un parti clair, finit par quitter l'Espagne, emmenant son fils. Il émigre en Argentine dès mars 1937. Diane vit à cette époque une liaison romantique ( ce sont les termes de sa correspondance) avec le chanteur d'opéra brésilien José Antonio da Silva Ramos. Alors que Diego tente, avec grande difficulté de remonter un haras près de Bahia Blanca, Diane lui vient en aide grâce à sa fortune qu'elle imagine un peu hâtivement inépuisable.

 

En 1939, il n'est pourtant plus question de voltige. La vie fastueuse de José Antonio et de Diane est menacée par ses excès mêmes, Diane entretient d'ailleurs une autre liaison avec un danseur philippin qui a presque  vingt ans de moins qu'elle et n'entend pas se priver de paillettes. L'instabilité politique autant qu'économique de l'Argentine et du Brésil qui vivent des années de crise, la vie de moins en moins cohérente de Diane viennent à bout des ressources de l'artiste qui n'est plus qu'une étoile palie. Ses hommes sont peut-être plus fidèles à leur souvenir d'une reine ailée qu'à une Diane qui accuse à ce moment les effets de tant d'agitation, de champagne et sans doute, depuis peu, de cocaïne, mais aucun ne l'abandonne. Et surtout pas son fils Manuel, sous-officier, à l'académie militaire de Bueno-Aires. Le jeune cadet est noble, plein de rectitude, fort du spectacle des revers du destin, il aime passionément la vie et sa mère. Il l'aide, grâce à Diego son père,  à ouvrir en 1943 un établissement public à Buenos-Aires. Grand café où l'on donne des spectacles de cabaret appréciés par les jeunes cadres de l'armée et par toutes sortes d'hommes à la main ferme, à la réussite parfois rapide et souvent éphémère.

Alors que Manuel brille auprès de son colonel Juan Peron, Diane se serre dans les bras d'un aviateur, Sandro Tozzi qui l'invite à de nouveaux vertiges. Elle renaît. Elle apprend à piloter. En 1945, Manuel est aspiré par l'ascencion de son chef. Le "clan" de Diane a retrouvé une réelle prospérité. Elle est devenue une des figures respectées des nuits de Buenos-Aires et du milieu fermé des fous de l'acrobatie aérienne, elle participe même à un meetting Bahia Blanca.

 

En Europe, une deuxième guerre s'achève, et de cette paix surgit pour elle la surprise. Une émigration assez particulière se produit en effet  à cette époque vers l'Amérique du sud. Les cabarets sont des lieux où l'on parle dans l'ombre, d'autant mieux qu'on a bu un peu. Manuel est un proche du président Peron pour qui il effectue diverses tâches d'investiagation et de conatcts.

Un homme, pour la circonstances nommé "Carlos Blanco" par Diane, lui déclare, un soir de décembre 1948, en savoir plus qu'elle sur sa propre vie. Troublée et inquiète, Diane demande à son fils de faire surveiller l'étonnant confident. Son origine germanique est facile à mettre à jour, on l'identifie d'ailleurs avec certitude comme un des hauts responsables de l'Abwerh en Hongrie en 42-43. "Carlos Blanco" ne peut vendre comme il l'espèrait ses révélations. L'expérience et la fermeté de Manuel assisté d'un de ses adjoints obligent l'ancien espion allemand à livrer ses renseignements à Diane une nuit de février 1949. "Carlos" avait eu à s'intéresser de près aux activités des hommes influents de Hongrie, à fouiller dans leur passé, le plus intime possible. Diane avait un père. Il s'appelait Sigismond Béthlen, il avait été archevêque d'Eztergorn, primat de Hongrie en 1899. L'existence de Diane avait, en fait, rendu bien des services à "Carlos" et à ses amis, facilitant les relations entre une partie du haut-clergé hongrois et l'occupant nazi. Diane avait, en quelque sorte, fait la guerre !

Diane, peut-être du fait de sa grande expérience des équilibres acrobatiques, n'est pas particulièrement bouleversée par ces révélations. Cette nuit d'été austral se termine au champagne, naturellement.

 

 

Les nombreuses notes d'entretiens qu'eut Alban Marquez, journaliste à "La Chronica" avec Diane Oldti sont aujourdh'ui détruites, mais son long article consacré à Diane après sa mort, survenue lors d'un acccident de voltige aérienne en octobre 1955, retraçant avec tendresse et admiration la vie d'une reine de la nuit argentine n'ont jamais été démentis. Il est vrai qu'en 1955, l'Argentine s'intéressait plus à la chute de son président qu'à la disparition soudaine d'une émigrée hongroise.

 

Odile Dantin

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Odile Dantin. Femme de Lettres.

(1807 - Chateauroux / 1882- Pondichery)

 

          Odile Dantin est la fille aînée de Charles Emile Dantin, général d'Empire, Prince de l'Andon. Dès l'adolescence, elle montre de l'intérêt pour la littérature qui deviendra vite une passion. Plus rare à cette époque pour une jeune fille, elle s'interesse aussi à la politique où son père joue un rôle. Dès 1823, elle se fait remarquer dans la vie publique parisienne, rencontrant Victor Hugo et établissant une relation amicale avec l'homme d'Etat C.M de Talleyrand. Elle écrit des poèmes, participe à des salons.

            En 1829, elle fait un coup d'éclat en publiant  un violent pamphlet contre Charles X qui la fait remarquer dans les milieux anarchistes alors en gestation. Puis elle publie, en 1831, un premier roman "La femme et son maître". On estime que la polémique et le scandale provoqués par cet ouvrage étonnant, où l'influence du marquis de Sade apparaît mieux aujourd'hui, furent la cause réelle du suicide de son père, richissime ministre de Louis XVIII.

 

           Se retirant pour quelques temps sur la côte flamande à Ostende, elle y développe une intense activité créatrice dont le recueil "Les Vestales" reste l'oeuvre la plus significative. Elle voyage ensuite beaucoup, notamment en Angleterre et en Russsie où elle fait la connaissance de Bakounine, de Gogol, d'Ivan Tourgueneiv, avec qui elle entretiendra toute sa vie une riche correspondance. En 1833, elle se marie à Saint-Petersbourg avec Piotr Ivanovitch Nabokov. De cette union rapidement rompue, naît un garçon qu'elle abandonne à la garde de son père. Il est avéré, qu'enceinte, elle participa cette année là, à un duel au pistolet dont les raisons restent très obscures.

 

             De retour à Paris, en 1835, elle publie "Pas ça" et, en 1837, " Pas ça et alors", les deux grands textes dont Henri Michaux écrira qu'ils ouvraient la voie à Lautréamont et aux surréalistes. Bien qu'ayant affiché une certaine réserve lors de la "Bataille d'Hernani" et qu'elle fût toujours assez distante avec les romantiques, Victor Hugo lui écrit en 1837 "...vous lisant, je m'aperçois que, de mes voix intéieures, vous êtes de celles qui comptent le plus." Elle prend des distances cependant avec le poète peu après la mort de sa fille Léopoldine avec laquelle elle entretenait une relation forte et complexe, délicatement évoquée dans "Blanche, l'après-midi" (1842).

 

            Elle partage alors son temps entre Paris et Londres, faisant de fréquents séjours sur les bords de la Mer du Nord et de l'Atlantique. En 1838, elle se lance dans ce qui appararaît comme une aventure folle : elle parvient à se faire  admettre comme matelot sur le "Great Western" qui réalise avec succès sa tentative de record de traversée de l'Atlantique, joignant  Bristol à New-York en quinze jours et dix heures.

 

            A New-York, elle rencontre E. A. Poe. On ne sait pas grand-chose de cette rencontre mais leurs noms figurent ensemble dans un rapport de police évoquant une rixe dans un établissement de plaisir ouvert la nuit.

 

            De retour en Europe, Odile Dantin intervient fréquemment dans la vie poltique, prenant parti contre la peine de mort, le travail des enfants et à propos de la condition faite aux femmes. En avril 1846, elle pose publiquement sa candidature à l'Académie Française. C'est à cette même époque qu'elle se lie d'une amitié qui se révèlera indéfectible avec Honoré Daumier. Ombrageuse, tourmentée, elle continue une vie de voyages alors que son oeuvre prend un tour nouveau comme l'attestent les recueils de nouvelles comme "Contes masqués" (1852), "Minuits" (1853) , "Sabatines" (1855), qui participent à la naissance du genre fantastique.

 

 

               Au cours d'un de ses longs séjours en Angleterre, une liaison avec Mlle Jennifer Cunning Lancaster, jeune cousine de la reine Victoria et fille de Lord Cunning Lancaster, gouverneur général des Indes est révélée par la presse. Une campagne venimeuse commence. Il semble bien qu'Odile Dantin eut au moins deux entretiens secrets avec la reine. Les deux femmes tiennent tête à la plus haute société du royaume qui doit s'incliner.

 

 

               En 1863, avec Jennifer C. Lancaster, elle participe à la création de la société d'imprimerie "Balitout-Questroy-Dantin et Cie" qui se consacre à l'édition de nouveaux auteurs. Elle publiera au fil du temps des textes de Paul Verlaine, de Gérard de Nerval, de Guy de Maupassant et même des traductionsde C. Darwin. C'est Odile Dantin qui convaint Isidore Ducasse de la laisser publier en 1868 "Le chant premier" des futurs "Chants de Maldoror", l'auteur impose cependant que l'édition reste anonyme.

 

                Elle continue à voyager régulièrement à travers l'Europe, ce qui ne l'empêche pas d'être présente dans la presse française, notamment dans le "Moniteur Universel" où elle écrit, prenant parti pour les républicains. Elle soutient l'opposition à Napoléon III en aidant financièrement l'action de Léon Gambetta. Elle reste à Paris durant le siège de septembre 1870 et pendant le soulèvement de la Commune. Elle est élue par les Parisiens membre du Conseil Général de la Commune de Paris. Proche de Proudhon, opposée à Blanqui, elle quitte rapidement son poste et participe à des combats au début de la "semaine sanglante" de mai 1871. Bouleversée par le massacre du 27 mai, elle quitte la France et s'installe à Bruxelles.

 

                   En 1874, elle publie un recueil de textes dont la rédaction s'est étalée tout au long des années 1860 - 872. L'épais recueil intitulé "la virgule ficelle", ouvrage qui échappe à tout classement ou typologie. Roger Caillois écrira à propos de ce texte : "L'auteur subvertit le sens à mesure qu'avance l'énoncé, en sorte que cet ouvrage s'instaure et se détruit en même temps qu'il se développe, apparaissant ainsi  comme bien plus qu'une oeuvre littéraire". Avec "Les chants de Maldoror", "La virgule ficelle" fait dévier la littérature vers des voies que les surréalistes exploreront encore et révèlant au lecteur les multiplicités d'un "moi" difficilement accessible. En 1875, elle entreprend un long voyage en Scandinavie puis en Russie en compagnie de son viel ami Ivan Tourgueniev dont elle a ardemment contribué à faire connaître l'oeuvre en France par des articles dans la "Revue des deux Mondes".

 

               En décembre 1876, elle rentre précipitamment en France où son amie Jennifer C. Lancaster vient de mourir accidentellement. Elle séjourne quelques mois à Paris puis se rend à Londres d'où elle s'embarque pour l'Inde le 2 novembre 1877. Sa correspondance (Tourgueniev, Maupassant, Daumier) la montre au Yemen, à Calcutta, au Cachemire, à Madras. Les autorités de Pondichéry annoncent son décès le 7 mai 1882. L'acte de décés mentionne une forte absorbtion de substances toxiques et hallucinogènes.

 

Léo Dantidi

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Léo Dantidi -  (Florence 1695 – Rouilly 1775)

 

 

Fils du comte Ambrosio Dantidi, Léo est élevé dans les fastes  aristocratiques de FLorence. Il se montre un élève curieux de tout, étudiant la philosophie, les lettres anciennes, plusieurs langues européennes, en particulier le français qu’il pratiqua couramment très tôt ; mais aussi l’histoire naturelle et les arts libéraux. Son dernier précepteur le décrit comme brillant mais ombrageux, tourmenté, passionné, capable de réactions extrêmes en certaines circonstances. En 1715, il fait partie de la délégation représentant la ville de Florence aux obsèques de Louis XIV. Il découvre avec enthousiasme Versailles. Il reviendra à deux reprises en France.

 

A Florence, Léo s’éprend de la jeune Aurélia Biasini. En 1718, c’est le début d’une passion que n’arrêtent pas les murs du couvent où est cloîtrée la jeune fille. Un scandale éclate rapidement, la notoriété des familles des jeunes amants évite le pire mais Léo doit s’exiler. Grâce à la protection d’un oncle prélat, il est nommé secrétaire de l’ambassade de Florence à Versailles. Aurélia, enfermée dans un établissement religieux de Sicile meurt peu après, mettant au monde une petite fille née le 9 décembre 1719. La nouvelle affecte profondément Léo Dantidi qui, multipliant les demandes, se rend en Italie pour obtenir qu’on lui remette l’enfant. Il affronte en vain l’opposition de sa famille autant que de celle de la famille Biasini. Apparemment, en tout cas, officiellement, il ne reviendra jamais en Italie.

 

De retour à Paris en mai 1720, Léo entreprend des études approfondies de dessin. La fortune familiale lui permet, l’année suivante, de faire l’acquisition d’un hôtel à Paris dont il fait reconstruire une aile selon ses propres plans, réalisant une audacieuse articulation baroque à un corps de bâtiment classique. Un jardin intérieur de sa conception  est également aménagé. Sa vie mondaine, malgré un chagrin intérieur corrosif, comme l’atteste sa correspondance avec sa mère, commence à être remarquée. Il devient une des figures remarquées de l’entourage du régent Philippe d’Orléans. Il organise pour ce dernier deux fêtes en son hôtel parisien en 1722 et lui offre les dessins de deux «  jardins pour les châteaux du domaine royal ». Aucun d’eux ne sera toutefois réalisé.

 

Léo fait la connaissance de François-Marie Arouet qu’il soutient auprès du régent à des heures difficiles. De 1724 à1726, il voyage beaucoup en Europe : Angleterre, Pays-Bas, Suède, Prusse, Russie. De nombreuses lettres expriment  son regard critique sur le conservatisme qu’il perçoit dans la haute société italienne, confiant à sa mère toute son amertume face au faible écho reçu par les  idées nouvelles apparaissant un peu partout en Europe, amertume qui s’ajoute à sa persistante douleur d’être séparé de sa fille Sylvia qui a maintenant plus de cinq ans. Il juge cette situation d’un obscurantisme féroce. En janvier 1727, il quitte toute fonction de représentation diplomatique, non sans ironie d’après certaines archives florentines et se rapproche définitivement de nombreuses personnalités qui ne tarderont pas à s’affirmer comme les grandes figures de ce qu’on appellera « Les Lumières ».

 

Léo rencontre  le jeune Comte Buffon, ils ont en commun la passion des plantes et voyagent ensemble à plusieurs reprises à travers différentes régions de France. A partir de 1728, il conçoit de nombreux jardins pour ses amis « détournant l’esprit des jardins à la française au profit de tracés et de compositions en trompe l’œil, pièces d’eau et sculptures végétales jouant un rôle nouveau et très particulier tendant à créer une atmosphère allant du féérique à l’étrange. » (Arnold S. Broomsdale. Columbia University. 1954) Ses réalisations sont très remarquées et deviennent à la mode. Il travaille avec Jacques Ange Gabriel à divers projets.

 

Toutefois, l’aspect nouveau de ses jardins où sont créées des œuvres de Couperin et données de somptueuses fêtes agace quelques esprits. Des rumeurs décrivent l’atmosphère de ces fêtes comme pouvant être licencieuses, on va jusqu’à insinuer que de très jeunes garçons et jeunes filles y joueraient un rôle troublant. Une réputation ambiguë commence à voir le jour concernant Léo Dantidi, « le florentin ». Celui-ci fait à cette époque de fréquents séjours en Angleterre et aux Pays-Bas.

 

En mai 1730, Sylvia Dantidi, âgée de 11 ans, disparaît de la Ville de Luca où elle était en  nourrice. L’affaire est obscure, la fillette ne fut jamais retrouvée. Sa grand-mère, Maria Emilia Dantidi, dans son immense chagrin entreprend de nombreuses démarches et enquêtes fort coûteuses pour retrouver l’enfant. Son fils Léo ne semble pas, dans sa correspondance, encourager outre mesure les démarches de sa mère. Certains feront de cette attitude une base plausible du soupçon de complicité de Léo dans ce qui sera finalement  déclaré être un enlèvement. Rien ne viendra toutefois étayer irréfutablement ces allégations. Cependant cet événement ne contribue pas à dissiper un climat qui s’alourdit autour de Léo. Brillant, dispendieux, volontiers ironique, hautain peut-être, en société, il ne cache pas ses rapports de plus en plus étroits avec Voltaire puis avec le jeune Denis Diderot dont il est attesté qu’il paya à plusieurs reprises les dettes. Léo dérange, agace les dévôts de l’entourage de Louis XV. Léo, n’en continue pas moins de mener une vie où se mêle plaisir et études. Si on le dit libertin, on ne peut nier la valeur de ses recherches dans le domaine des formes qui s’expriment dans l’agencement de jardins aristocratiques tant à la campagne qu’à la ville, en France comme en Angleterre. Son art est souvent inscrit par les commentateurs dans « l’âge baroque » bien qu’on ne puisse l’y réduire. Certes, les documents qui nous restent (collections privées pour la plupart) : dessins, plans, indications techniques, malheureusement fort peu de textes ou commentaires, attestent de la recherche baroque de la mise en scène des extrêmes. Cependant, l’accent semble plutôt mis sur les déclinaisons du thème du double qui recèle l’unicité. Pièces d’eau, verrières, sculptures, jeux de symétries et d’asymétie créent une atmosphère de labyrinthe qui entraîne le promeneur dans les arcanes délicieux d’une nature inexorablement diverse et sensuelle. Considérée comme outrancière cette manière est rejetée par quelques uns, d’autres sont profondément admiratifs et sous le charme.

 

C’est vers 1742 que Léo Dantidi établit une liaison avec la très belle et fort jeune princesse italienne aux origines obscures, une certaine Appolina de Florentis, ayant  rang de dame de la cour auprès de la reine , épouse  de Louis XV.

C’est à cette même époque qu’il fait la connaissance de Jean Le rond d’Alembert puis de Jean Jacques Rousseau. Il voyage à nouveau, va même en Amérique, plus précisément en Pennsylvanie. A son retour, il retrouve Paris, ses lumières et ses luttes qui ne restent pas toujours au niveau le plus élevé. Il est à nouveau la cible de billets venimeux. Son amitié avec Madame de Pompadour écarte toutefois des oreilles du roi les attaques les plus sournoises. Cette atmosphère polémique stimule encore son activité.

 

Il soutient l’imprimeur Le Breton dans son projet d’Encyclopédie et s’enthousiasme quand ses amis Diderot et d’Alembert en prennent la direction en 1747. Période stimulante sur le plan intellectuel qui le projette plus que jamais sur le devant de la scène parisienne, ce qui le laisse aussi exposé dans quelques conflits qu’entraîne, par exemple,  la publication de « la lettre sur les aveugles » (Diderot lui même est emprisonné), puis celle des deux premiers volumes de « l’encyclopédie ou dictionnaire raisonné des Arts et Métiers. » Il engage des sommes importantes dans la poursuite de l’entreprise malgré l’interdiction du Conseil d’Etat, il envisage d’écrire un article sur « les parcs et jardins » et en commence vraisemblablement les textes et des dessins.

En 1758, n’ayant pas eu la prudence de s’éloigner de l’entreprise comme l’avaient fait auparavant Rousseau, Voltaire et d’Alembert, restant fidèle à Diderot, il est une des cibles notoires de  pamphlets qui alimentent la guerre allumée par Palissot. La meute conservatrice trouve en lui, l’étranger, scandaleux dans ses moeurs, déroutant dans ses recherches, une victime de choix. Ses anciennes et prestigieuses amitiés ne lui servent de rien. Il est ouvertement accusé de commerce douteux avec les enfants, puis bientôt de liaison incestueuse, certains voulant voir en sa maîtresse Appolina de Florentis, sa propre fille. La tourmente est forte. Ni les esprits éclairés ni les aristocrates avisés n’osent un mot, et Léo Dantidi est finalement embastillé le 14 mai 1760. Mademoiselle de Florentis quitte Paris. On ignore l’essentiel de ces années de prison, sa correspondance étant interrompue ou détruite par la censure. Finalement libéré en février 1768, très affaibli et totalement ruiné, il s’établit dans ce qui lui reste de sa propriété de Rouilly  à l’ouest de Paris où il mène une vie quasiment recluse. Il s’y éteint en novembre 1775.

 

Mme Josiane Bernet, héritière en 1924 du château de Rouilly dans l’Oise, signale, après des travaux de restauration et de débroussaillage, à proximité de la petite chapelle jouxtant la grande pièce d’eau du domaine, la présence d’une stèle fort délabrée  dont la pierre tombale porte la laconique inscription « Appolina-Léo ». Le domaine de Rouilly avait été confisqué en 1793 au marquis de Quinceul, émigré, qui avait épousé en seconde noce Mlle Appolina de Florentis en 1768.

 

 

Personnage controversé aux contours parfois difficiles à cerner, Léo Dantidi, ne laisse finalement derrière lui ni postérité ni œuvre. La plupart des jardins aménagés selon ses plans ont été détruits ou ont périclité par négligence, indigence ou ignorance au cours du XIXe siècle. Le parc du château de Downsfield (Sussex), propriété du Duc de Windsor semble être une des rares survivances de ses compositions. Seuls les documents graphiques largement dispersés dans des collections particulières, notamment aux Etats-Unis, peuvent donner une idée plus précise d’une œuvre dont le destin s’inscrit dans un éphémère que l’auteur aurait probablement revendiqué.

 

 

 

 

 

El Din't Oad

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El Din’t Oad.    1860 ( ?) Niger – Le Cap Blanc.1912

 

        Né vraisemblablement dans les environs de l’oasis d’Arouane, dans la région du Merïa Azouad, sa famille nomadisait depuis la boucle du Niger jusqu’au haut-Atlas. La région est soumise, à l’époque, à l’important effort de colonisation de la France sous la direction du général Faidherbe. C’est au cours de cette période troublée que son père et ses frères meurent ou disparaissent. Elevé principalement par son grand-père, chef de tribu, doué d’un immense talent de caravanier, ses navigations très sûres et vertigineusement astucieuses faisaient l’admiration de tous ceux qui étaient  chargés de la pacification de la région comme l’attestent de nombreux rapports militaires. Vers l’âge de dix neuf ans, EL D’in’t Oad devient le chef de sa tribu. Riche du fabuleux enseignement de son grand-père et de l’implacable résolution des hommes du désert, il devient rapidement une des principales figures de la fédération Touareg et un cauchemar pour l’armée de Faidherbe. Les razzias d’El Din’t Oad sur les forts et les positions françaises sont redoutées pour leur rapidité et leur audace. Sa tête est mise à prix. Des transcriptions de rapports d’indicateurs le signalent nomadisant imperturbablement en de nombreux secteurs de l’axe nord-sud Niger-Atlas, on l’aurait vu et recherché dans Marrakech même en 1890 et 1892. En 1894, il est signalé harcelant avec ses cavaliers les troupes françaises qui assiègent littéralement Tombouctou.

 

La légende commence à se tisser autour de ce guerrier insoumis. En 1902, la lutte pour la colonisation s’intensifie encore sous la direction de Coppolani. Les accrochages sont de plus en plus nombreux et l’étau se resserre sur les rebelles. En 1903,  EL D’in’t Oad est pris dans son campement un matin de mars, au terme d’une traque de neuf semaines l’ayant coupé de tout ravitaillement régulier. Le haut commandement français avait donné l’ordre de le capturer vivant. Pas sa famille. On l’oblige à assister au massacre de sa femme, de ses deux fils et de ses quatre filles.

Il sera désormais en captivité sur le bateau pénitencier « Octuador » ancré au large du Cap Blanc. Bien que l’existence de ce pénitencier naval n’ait jamais été admise par les autorités françaises, tant à l’époque que par la suite, les mémoires du lieutenant  Gabriel de Saint-Avril, (mis temporairement aux arrêts  par le conseil de guerre, puis blanchi de toute accusation,  au grief de sympathie envers l’ennemi)  aurait été, selon ses récits, lui même détenu sur ce bâtiment. Les archives du ministère de la marine (disparues en 1943) attestaient la présence en Atlantique vers 1900, sans rien préciser de sa mission. Le navire, marchand au demeurant, appartenait à une compagnie marseillaise vivant surtout de contrats de transport pour le compte du gouvernement français.

 

Gabriel de Saint-Avril, dans ses écrits, évoque précisément l’arrivée du prisonnier touareg sur le « navire pénitencier » Octuador. Les yeux bandés, à peine vêtu, il fut enchaîné à l’écart sur le pont supérieur et laissé sans nourriture pendant une dizaine de jours. Ce traitement ne semblait d’ailleurs pas exceptionnel pour les nouveaux arrivant en ce lieu. De Saint-Avril réussit à le ravitailler régulièrement de cette eau douteuse dont on disposait à bord. Il parvint enfin à entrer en contact avec le détenu qui ne devait par la suite ne jamais être libéré de ses chaînes et subit un traitement particulièrement ignoble et humiliant de la part de ses geôliers. Les tortures et les sévices s’espacèrent finalement. Au cours de ses conversations Gabriel de Saint-Avril put identifier El Din’t Oad et recueillit son histoire auprès de quelques codétenus. Le chef rebelle tomba  dans un mutisme complet durant plusieurs mois. Cependant, Saint-Avril, qui parlait le Tifinagh, parvint à établir un contact verbal direct avec lui par le biais du chant en  cette langue. Une étonnante relation s’établit entre eux pendant quelques semaines au cours desquelles, selon les dires du jeune officier aux arrêts, El Din’t Oad aurait « composé » plusieurs chants. Saint-Avril s’est efforcé d’en fixer la mémoire et d’en donner une traduction dans ses propres carnets personnels. Il attribue même des titres à ces compositions : « Eau de pierre » , « L’étoile noire », « La femme soleil », textes dont la pleine sérénité ne peut qu’étonner.

 

Evacué depuis six mois par les détenus européens qui s’y trouvaient encore : deux français et cinq espagnols, l’Octuador fut canonné le 4 septembre 1912 par un bâtiment français. Aucun ravitaillement n’avait plus été effectué à bord depuis la fin juillet, moment de l’évacuation complète des personnels de surveillance et d’équipage au nombre fort réduit d’ailleurs, laissant derrière eux probablement une quinzaine de détenus très affaiblis. Le navire pénitencier sombra en quelques minutes au large de Port-Etienne.

 

 

Encyclopédi-je. Li den Tao

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Li Den Tao.  Ier siècle AV-JC

 

 

Originaire de la région de Luoyang, dans la vallée du Huanghe. Lettré chinois à la fois astronome, alchimiste, poète et peintre. Il est surtout connu pour ses apports à la pensée « philosophique » chinoise et comme conseiller de l’empereur Han Li Wang puis de son fils Man Tc’hong.

Il cultivait le Dao et les pratiques de l’immortalité, vivait en « sage caché » selon la tradition taoïste. Il ne reste de ses écrits que deux longs textes en stances rimées qui donnent un aperçu  de sa pensée et quelques textes poétiques.

 

Le « traité  des quatre mondes » expose une conception quasi matérialiste de l’univers qui, sans remettre en cause des textes plus anciens, apporte une orientation nouvelle au taoïsme et enrichit la tradition des techniques de longue vie pratiquées par les adeptes du Laogi. Selon le « Traité des Quatre mondes », pour vivre longtemps, il faut avoir des attitudes conformes aux mouvements alternatifs du Yin et du yang : « il ne faut pas produire des choses soi même, mais tout laisser à l’état originel, ne pas intervenir, ne pas troubler l’harmonie naturelle, abolir la prétention à la sagesse. ».

De nombreuses attitudes y sont décrites devant guider le comportement humain. Elles concernent aussi bien la médiation que le sommeil, l’acupuncture, un ensemble de mouvements et de postures corporelles, et même de pratiques sexuelles où l’homme doit s’efforcer d’absorber la substance féminine, et la femme, de recueillir une part  de la matière masculine. L’union des matières subtiles dans le corps de l’adepte lui permettant de nourrir l’équilibre du Ying et du Yang.

 

Dans le second grand texte, «le « Traité du miroir » de nombreuses stances sur la méditation et le sommeil évoquent une notion qui peut clairement être rattachée à celle d’inconscient telle que sera définie plus tard par Sigmund Freud. En Alchimie comme en astronomie, ses travaux tendent à l’exploration des contraires conçus comme principes d’unité. Son œuvre poétique, « Les chants de la porte du destin », « Les vagues du soleil », « Le livres des lunes », introduisent le lecteur dans un monde sensuel et subtil. Des images audacieuses bousculent littéralement notre perception du réel et rendent compte d’une expérience quasi « extra-naturelle » de l’univers.