Le jardin et moi
Je suis jardinier. Pas professionnel, non.
J'aime jardiner. Jardiner consiste à jouer avec la terre, le sol, le végétal, l'air, l'eau, le vent, le soleil; les insectes et autres créatures animales de toutes tailles, de poils, de plumes, de carapace. Jardiner rend modeste, réaliste. Le jardinier ne domine rien, c'est le jardin et les éléments qui décident. Le jardinier est ramené à sa réelle condition, il s'adapte à la nature ou il est un parasite ridicule et prétentieux, il est un "nuisible".
Jardiner, c'est faire et regarder. A égalité. Regarder pour observer ce qui se passe, pour apprendre, pour dialoguer. Pour prendre sa place parmi les éléments. La mésange et le merle regardent aussi avec beaucoup d'attention, de même le puceron, la guêpe et la fourmi. Disons que le lombric et le cloporte se débrouillent autrement, mais ils regardent aussi. Nous ne voyons pas tous la même chose.
Quand je regarde mon jardin je ne vois qu'une infime partie de la réalité, mes partenaires, à eux tous, savent l'essentiel. Il y a peut-être un enseignement à tirer de cela. Regarder le jardin, c'est aussi une invitation à la rêverie, à la contemplation en ce qu'elle peut- être un abandon de soi, du soi rationnalisant à l'excès. C'est une invitation à percevoir, tous sens en éveil. C'est aussi une manière d'aiguiser ses capacités à percevoir, de les provoquer, de les stimuler. C'est une relation au monde d'un autre type. Le jardin est un lieu banal, facilement disponible, offert en toute simplicité, accessible à tous.