Elision
La lente élision d'une lueur,
la ligne gracile d'un élan enfantin
qui caresse les songes,
disciples du soir.
Daniel Diot : écriture, peinture, lecture
Venue d'outre continent, venue de l'aube des temps,
la pluie tombe, douce, silencieuse,
calme, apaisante.
Des gouttes font halte sur la branche,
tombent, larme à larme,
puis rejoignent le sol
qu'elles ensemencent de vie.
Venue d'outre continent, venue de l'aube des temps,
la pluie tombe, douce et silencieuse,
sans intention de renoncer.
Hautes heures,
kiosque perdu dans les ronces,
frissonnement des feuilles,
suspension,
acceptation du désarroi.
Des mots empeuplés, froissés puis déroulés, ajourés puis raccommodés, des mots se balancent au fil des sens, s'enroulent, s'affolent, se délitent, se ramassent et se replient, se ressaisissent, tentent un équilibre. Une image se dépose, à peine constituée, sans doute éphémère, un peu timide aussi, mais légère, tout en transparence.
Juste là, offerte à l'effacement.
Filigranes tisserands,
diseurs de nocturnes
aux ambages tracées,
sur des lignes invisibles,
récits incertains
d'opportunes occurrences,
passages veloutés
au revers du jour.
Dans l'unité d'un silence,
vibrations profondes
d'une pulsation tranquille.
La longueur d'un souffle venu de loin.
Ombres du temps portées
sur une solitude.
Etoiles piquées sur la chair d'une mémoire.
Signes traçant des strophes hésitantes
comme issues accomplies dans un détour salutaire.
Un silence s'enroule autour de l'automne
et berce les feuilles
qui dansent avec la mousse.
Des histoires flottent aux franges d'une dentelle de jours et d'aubes.
Des nocturnes s'enlacent et se rebellent, s'affrontent et s'effacent.