Après-midi d'un songe
Je pense à Marilyn,
Je pense à Brooklyn,
à Buick, à Chevrolet,
à Nevada, à Arizona,
à la ligne droite, à highway,
à Billie Holiday,
aux vagues, à Atlantic City,
à Frankie Addams,
à "la femme nommée Moïse"
éclat de miroir,
rayon de soleil,
lame de rasoir,
l'épais été hollandais
je pense aux iris
je pense aux triangles et aux lignes,
je pense aux lèvres, je pense à l'oeil, je pense à la main,
je pense aux arbres le long du canal,
aux flaques dhuile dans l'eau noire du soir,
aux docks de brique
Baltique,
aux blés ondulés dans la plaine,
à un cheval nommé "Violoncelle",
je pense à une petite ville pathétique et naïve d'Europe de l'ouest,
aux jeux alambiqués et sucrés d'enfants anonymes,
à l'odeur de la poussière chaude,
à l'odeur du goudron, à la couleur du goudron,
aux routes déjà parcourues,
au détour d'un virage,
au feuillage sombre par dessus le mur blanc,
aux roses trémières,
à une coccinelle bleu ciel,
au sable blanc du tableau de bord,
à la ville rouge qui danse dans l'air chaud,
Rabat, Maroc,
Pamir, oiseau tapi dans la steppe,
aux amandiers,
à la couleur du sable le soir à Cadiz,
à la terre en Italie,
à un abricot,
Je pense à Jean-Sébastien Bach,,
au lent velours, au rouge et à l'or,
à la pluie, la nuit , sous les pneus,
aux éclats de lumière éphémères,
au lent glissement des hypothèses,
à la danse des signes dans la vibration des songes,
au rai de lumière sur le parquet de l'escalier du grenier,
je pense au hammam, aux ombres dans l'eau.