Le chat Grimm
Silencieuse, elle s'approcha de la fenêtre et l'ouvrit. Le jardin était plongé dans un silence profond, la lumière du jour s’était éteinte doucement. Elle embrassa la pièce du regard cherchant le recueil de contes qui était son livre de chevet depuis des mois puis elle s'approcha de la table encombrée. Se trouvaient là plusieurs piles de livres, une fine montre bracelet, une brosse à cheveux, des bagues, un coffret en ébène, une pièce de linge, une paire de ciseaux en argent. Elle hésita et saisit un petit vase en porcelaine de Chine posé à côté des livres. Elle l'observa minutieusement restant immobile un bon moment puis elle tira le rideau de velours cramoisi qui masquait la porte de la chambre et sortit dans la nuit.
Serrant contre elle le vase précieux, elle gagna en courant une petite serre dont la porte était entrouverte. Sur les parois de verre une averse jouait une mélodie rassurante, elle déposa le vase sur un guéridon en fer forgé. Le vent soufflait en rafales irrégulières, un concert de branches et de feuilles agitées emplissait la nuit. Elle marcha le long des étagères sur lesquelles étaient disposées une quantité impressionnante de plantes toutes différentes. Certaines étaient en fleurs, d'autres offraient un feuillage abondant, des parfums s'entremêlaient. La lune éclairait sa silhouette incertaine, on aurait dit qu'elle faisait une promenade intérieure ou un parcours compliqué commandé par une règle secrète. Elle avisa soudain un groupe d'objets qu'elle avait semblé chercher : une ombrelle délabrée, une coupe de fruits bien garnie et un violoncelle poussiéreux dont une corde était cassée. Perdue dans ses pensées elle n'entendit pas le chat noir qui se faufilait vers elle.