Le cahier bleu

Publié le par lignesdesuite.over-blog.com

 

Le calme régnait dans la pièce où nous étions seules. Une fenêtre entrouverte diffusait une légère fraîcheur. Sur une pile de papiers quelqu'un avait laissé un étui à lunettes. Peut-être ne faut-il pas se fier à une impression de paix, une souffrance cachée obscurcit parfois la fraîcheur d'un pétale. Mais elle était assise en silence, absorbée et songeuse. Elle entrouvrit légèrement son chemisier en soie puis lissa délicatement sa jupe. Elle saisit une rose du bouquet, détacha un pétale, le porta à sa bouche et le goûta  puis déposa la fleur devant elle sur la feuille de papier. Elle prit un pinceau très fin, le trempa dans l'encre de Chine, marqua une hésitation et commença un dessin.

A la nuit tombée, nous sortîmes ensemble dans le jardin, et, à voix basse, nous récitâmes le poème que nous avions découvert le matin même. Assise sur la margelle du puits je regardais son visage, on aurait dit que sa bouche donnait un baiser à la lune. Elle tenait dans sa main cette statuette en bois qui l'avait tant troublée. Je savais qu'au secret de ses rêves elle écrivait à la lune sur une feuille de nuage. Au long de cette nuit s'écrirait un cahier de poèmes qui seraient autant de caresses adressées à une petite fille.

                                                                                                             Daniel Diot 

Publié dans Contes en grains

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